Contrôle de la publicité alcool : Mme la Ministre, vous n’allez pas dans la bonne direction !
Ce samedi 20/04/2019, la presse titrait “Maggie de Block instaure des règles plus strictes pour la publicité pour les boissons alcoolisées”. De nouvelles règles entreront en effet en vigueur, selon la Ministre de la Santé, le 2 septembre prochain.
La Ministre, secondée par le Conseil de la Publicité (qui défend les intérêts du secteur pub et dont émane le Jury d’Éthique Publicitaire – JEP –), la Fédération belge des vins et spiritueux (Vinum et Spiritus), ainsi que la Fédération des Brasseurs belges, déclarent avoir mis au point 3 mesures pour mieux encadrer la publicité pour les boissons alcoolisées.
Mais que sont ces nouvelles règles au juste ?
1 – Le SPF Santé publique sera consulté pour le traitement des plaintes concernant la publicité sur l’alcool.
2 – Les membres de la Fédération des Brasseurs belges et de Vinum et Spiritus devront demander un avis au préalable au JEP avant de lancer leurs campagnes publicitaires nationales radio/télé et pour la publicité au cinéma.
3 – Le JEP pourra, en cas d’infractions répétées aux règles en matière de publicité, imposer des amendes allant jusqu’à 10.000€.
Trois mesurettes qui démontrent encore le peu d’ambition politique que vous affichez une nouvelle fois Madame la Ministre pour enfin adopter une politique pertinente de lutte contre la surconsommation d’alcool, deuxième cause de mortalité évitable après le tabac dans notre pays.
Premièrement, « consulter » le SPF santé publique est totalement insuffisant pour réellement mettre la santé des consommateurs au cœur des décisions du JEP.
Deuxièmement, demander un avis préalable auprès d’un organe inefficace et partisan ne constitue en rien une avancée substantielle. Les décisions du JEP ont été à maintes reprises dénoncées par le passé pour leur caractère conciliant avec l’industrie alcoolière.
Troisièmement, augmenter le prix des amendes est une piste à explorer mais dans un système qui privilégie les grands groupes, ce montant, s’il devait être un jour réclamé, car cela ne concernerait que les dérapages « répétés », source de toutes les interprétations, reste relativement peu dissuasif pour l’industrie.
De manière générale, nous regrettons une nouvelle fois ces choix politiques qui ne font que corroborer un système que nous dénonçons depuis longtemps et qui jette, qui plus est, un nouvel écran de fumée sur une véritable politique volontariste en la matière. Vous n’êtes pas sans savoir, madame la Ministre, que le système d’autorégulation est depuis longtemps défaillant et que, outre les nombreuses publications scientifiques internationales existantes sur l’impact négatif important de la publicité pour l’alcool sur les surconsommations, l’Université de Gand publie cette semaine les résultats de l’étude « Almoregal » qui ne fait que confirmer ces faits pour la Belgique également.
Le groupe porteur « Jeunes, Alcool & Société » réclame une fois encore la mise en place d’un organe public chargé d’encadrer l’éthique publicitaire, mais aussi de pouvoir enfin débattre honnêtement de la place inappropriée de la publicité pour l’alcool dans notre pays et de l’impact qu’elle a sur la santé des consommateurs.
Comme nous, vous savez bien que ce n’est pas le produit qui pose problème mais toutes les manœuvres qui poussent à sa surconsommation. Vos interlocuteurs privilégiés devraient être les acteurs de la santé en lieu et place des alcooliers. Or, nous n’avons pas été consultés contrairement aux industriels du secteur. L’open VLD s’est montré systématiquement frileux à toute avancée substantielle dans la prévention des surconsommations d’alcool. Serait-ce dû à une trop grande proximité du parti avec les alcooliers ? Merci de nous prouver enfin le contraire !