Le décret sur les services de médias audiovisuels prévoit l’octroi d’espaces gratuits pour des campagnes d’éducation, ce qui paraît louable. Cependant, le fait que ceux-ci dépendent directement et proportionnellement des investissements publicitaires des alcooliers et du secteur pharmaceutique relève du paradoxe et du non-sens.

Si l‘on prend l’exemple de l’alcool, cela signifie qu’au plus il y a de publicités pour des produits alcoolisés, au plus il peut y avoir d’espaces prévus pour des campagnes liées notamment à ces mêmes produits et aux risques encourus lors de leur consommation.

Par rapport à la convention privée, une série d’observations témoignent de nombreux manques et insuffisances qui portent à revendications. Tout d’abord, celle-ci n’aborde pas la question de l’interdiction de la vente aux mineurs. Ainsi les mesures proposées pour dissuader un jeune d’acheter de la bière, du cidre, du vin ou des spiritueux restent insuffisantes et trop peu contraignantes.

Le contrôle de la convention revient ensuite au Jury d’éthique publicitaire, organe privé d’autorégulation, dont les sanctions n’ont pas réelle force contraignante. Etant donné que le contrôle préalable n’est pas obligatoire, il ne s’effectue qu’après coup sur base de plainte. Le mécanisme est assez long : diffusion d’une publicité, arrivée d’une plainte éventuelle, réunion du Jury pour examiner la plainte, rédaction d’un avis. Ce parcours prend en moyenne deux semaines et demie, ce qui laisse de grandes chances à la campagne d’être terminée une fois l’avis rendu (faut-il encore que celui-ci soit négatif, ce qui est exceptionnel vu que le Conseil de la publicité dont est issu le JEP est aussi l’organe de défense et de promotion de la publicité en Belgique, et faut-il encore que l’annonceur décide ensuite de suivre cet avis).

Mais la principale lacune réside surtout dans le système même de convention privée. En effet, la manœuvre stratégique qui consiste, pour les secteurs de la production, de la distribution et de la publicité, à élaborer des codes de bonne conduite de manière à éviter, sciemment, l’adoption d’une loi permet finalement de contourner facilement ce qui ne sont que des recommandations dénuées de véritables sanctions.

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